Héritière du terroir lyonnais, ambassadrice de l’appellation Coteaux du Lyonnais, Lucie incarne la 6ème génération de la famille Jullian à perpétuer le travail de la vigne au Domaine de Prapin.

Animés avec son conjoint Pierre par un profond respect de la terre, ils ancrent les pratiques d’une viticulture biologique et biodynamique initiée par les parents, Henri et Sylvie.

Ces paysans-vignerons excellent tout autant dans l’art de recevoir, créant pour leurs visiteurs de belles tablées, durant lesquelles l’exploration de leurs vins riment avec cuisine de saison.

Lois Nagir

Votre domaine est labellisé Démeter depuis juin 2024. À quoi correspond cette distinction ? Que révèle-t-elle de votre vision de la viticulture ?

Hériter des terres familiales implique pour nous de les préserver dans le respect de la nature, tout en cultivant un vignoble robuste et sain. L’exploitation doit être facile à transmettre le jour venu, d’ici 30 à 40 ans. Cela passe en particulier par l’entretien de sols vivants, où fourmillent une faune et une flore variées.

Le Domaine est certifiée « Agriculture biologique », mais avec Déméter les exigences du cahier des charges sont encore plus élevées. Le label correspond à nos convictions de proposer des vins éthiques, de la production à la commercialisation, puisque nous utilisons des bouteilles réemployable

Qu’est-ce que cela signifie concrètement ?

Le défi est de taille, mais payant ! 

Chaque étape de notre travail repose sur des pratiques bénéfiques pour l’environnement, la santé et l’humain. 

Par exemple, les engrais et les traitements chimiques sont exclus. Pour les remplacer, l’une des solutions consiste à soigner la vigne par les plantes : la présence de valériane favorise la cicatrisation des blessures causées par le gel. L’enherbement des parcelles, contribue à l’aération de la couche d’humus ; on réduit ainsi les passages mécaniques dont l’impact est destructeur pour les micro-organismes.

Nous plantons également des cépages comme le gamaret, plus résistant aux évolutions climatiques. La silice va aider à sécher la rosée du matin pour éviter le développement des champignons.

Quant à nos vins, ils sont presque tous vendus en circuit court soit sur Lyon, ou directement au caveau. Nous recevons beaucoup de particuliers.

Votre démarche est-elle visible dans le paysage ?

Oui, on aperçoit des ruches vers les haies et des arbres tels que des charmes, des lilas, des chênes… Il y a toutes sortes de pruniers et des pêchers sauvages. Pour attirer les oiseaux, nous avons installé des nichoirs à l’intérieur et à l’extérieur de nos bâtiments agricoles et possédons également deux étangs.

Tout cela crée une dynamique profitable pour la biodiversité et le vignoble. Les abeilles pollinisent, les oiseaux se nourrissent grâce aux fruits… On observe beaucoup d’hirondelles, des faucons, des mésanges, des milans… 

L’art de recevoir est un autre savoir-faire du Domaine de Prapin.De la simple dégustation, à l’organisation d’événements gourmands, vous avez à cœur de faire découvrir vos vins dans une ambiance chaleureuse.

J’adore cuisiner, rassembler les gens autour de grandes tablées.

Pierre et moi avons débuté notre carrière en Australie. Là-bas, les domaines viticoles intègrent des restaurants offrant aux visiteurs une expérience culinaire complète.

Accueillir fait partie de mes priorités. J’aime proposer des dégustations ludiques sous forme de jeux.

Nos prestations oenotouristiques s’adaptent au budget de chacun.

À partir du 18 avril, nous organisons, des tablées immersives dans le chai à barriques tous les 3èmes vendredis du mois, sauf période de vendanges.

Le festin sera concocté par la cheffe à domicile Marion Gaignard, fondatrice de « Champs de table | Cuisine de la terre ».

Une visite des caves précédera un menu surprise cuisiné avec des produits frais.

Durant le repas nous serons amenés à présenter nos vins en association avec les mets servis.

En 1890, vos ancêtres ont planté des 1ères vignes. Cet ancrage local, vous le cultivez aussi en vous associant à de nombreux prestataires de proximité. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Pourquoi passer par l’export quand les ressources se trouvent autour de chez nous ?

Des produits locaux, pour la plupart bio, sont mis à l’honneur dans notre épicerie fine située au caveau : charcuteries, bières, jus de fruits, savons…

Le graphisme des étiquettes des bouteilles est confié à des talents, tels que Fabienne Germain installée dans le Beaujolais, ou Claire Murignieux illustratrice à Rontalon.

Claire a dessiné celle de la cuvée « Espoir D Y vin », dont une partie de la vente est reversée au profit de des Lyonnes de Tatooine. Cette association de Brindas œuvre pour améliorer la qualité de vie des femmes atteintes de cancers.

Lois Nagir

Parmi vos vins, quel est votre coup de cœur et à quelle spécialité culinaire locale l’associez-vous volontiers ?

La cuvée « Les cerisiers », un chardonnay élevé et vinifié en fut de chêne.

Avec mon mari, nous sommes amoureux du blanc depuis notre rencontre en BTS. Nous avons fait notre 1er stage de vinification ensemble dans le mâconnais.

Elle s’accorde à merveille avec des quenelles que j’adore, de la truite fumée des Dombes, un poulet fermier rôti à la crème, ou encore un plateau de fromages crémeux.